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Tribune Libre : Quand l’absence des débats sur le crime organisé continue de nourrir les violations des droits humains

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Tribune Libre : Quand l’absence des débats sur le crime organisé continue de nourrir les violations des droits humains

Par Jean de Dieu SOVON

Alors que de nombreux traités l’ont mis au cœur de leurs préoccupations, le crime organisé ne semble pas faire l’unanimité au sein des débats sur les droits humains. Alors qu’il constitue à n’en point douter une grave violation des droits humains de façon générale. Que ce soit lors des émissions sur les médias ou dans des débats publics, pendant que les violations des droits humains sont abordées avec fougue et véhémence, dans les détails les sujets sur le crime organisé sont aux abonnés absents.

En Afrique comme ailleurs dans le monde, bon nombres de violations des droits humains sont le fruit des agissements des réseaux de bandes organisées. Principaux acteurs de déstabilisation de la cohésion sociale et du vivre ensemble, ces groupes criminels jouent un rôle important dans l’avènement des conflits armés et autres situations de violences sur un même territoire. Ces réseaux de criminalité organisés se présentent sous plusieurs formes et s’adonnent à de très nombreuses activités criminelles. La traite d’êtres humains, la contrefaçon et le blanchiment d’argent, le trafic de drogues, le trafic de marchandises et d’armes illicites, les braquages et vols à main armée, la liste n’est pas exhaustive.

Cette dernière forme de crime organisé, longtemps présente dans des pays voisins, est devenue monnaie courante au Togo ces dernières années. Pas plus tard qu’en 2021, précisément au second semestre, 24 opérations de braquages ont été enregistrées sur le territoire national, occasionnant le vol des centaines de millions de FCFA, selon le ministère de la sécurité.

D’après « L’indice mondial du crime organisé », une étude réalisée par Enhancing Arab Capacity for Trade (EnACT) en collaboration avec la Global Initiative Against Transnational Organized Crime (GI-TOC) et financé par le Gouvernement des États Unis en 2021, le Togo a un score de criminalité de 5,33 et se classe 72ème sur 193 pays,24ème sur 54 pays africains et 9ème sur 15 pays d’Afrique de l’Ouest. Ce score de criminalité implique différentes sortes de marchés criminels avec la participation de divers acteurs de la criminalité.

En 2022, le phénomène n’a pas cessé nonobstant les nombreuses mesures prises par le gouvernement et mises en œuvre par les différents ministères. A ce phénomène de braquage qui a pris des proportions inquiétantes, se sont ajoutés d’autres qui relèvent toujours des actions du crime organisé, notamment celles susmentionnées.

Selon la même étude, certes le gouvernement togolais s’est engagé à lutter contre la corruption et a établi un nouveau cadre juridique et institutionnel mais l’efficacité et la sincérité de ces mesures restent encore à prouver. L’étude pointe du doigt la culture de l’impunité au Togo qui encourage les crimes politiques et la corruption, et qui pèsent lourdement sur l’économie et l’État. La population ne jouit plus de ses droits en toute tranquillité. Elle  assiste alors impuissante aux violations de ces derniers.

Des violations en cascade malgré les garantis des textes

Le crime organisé représente une menace majeure pour la sécurité collective. Il porte atteinte à la paix ainsi qu’à la sécurité des personnes, entrave le développement social, économique, politique et culturel et viole en toute impunité les droits humains des communautés à la base. L’indissociabilité et l’interdépendance des droits humains démontrent, on ne peut plus, à quel point les conséquences du crime organisé empiètent constamment sur les libertés des populations. Le droit à la sécurité, le droit à la vie, la liberté d’expression, la liberté de circulation, la liberté de manifestation…aucun droit n’est épargné par les effets dévastateurs des actions des criminels.

Au niveau international, le Togo coopère étroitement avec les organisations internationales et les gouvernements étrangers concernés dans le cadre de plusieurs programmes parrainés afin de lutter efficacement contre le crime organisé. Le pays a également ratifié un certain nombre d’instruments internationaux relatifs à la lutte contre le crime organisé et le terrorisme. Mais hélas! Le pays a du mal à sortir la tête de l’eau et à se détacher définitivement du phénomène.

« Certains acteurs étatiques sont soupçonnés d’avoir des liens avec des réseaux de trafiquants, ce qui remet en question la mesure dans laquelle ces instruments sont mis en œuvre. Le pays dispose du cadre juridique nécessaire pour lutter contre le crime organisé et la corruption. Cependant, malgré la mise en place de deux stratégies visant à lutter contre le crime organisé, la volonté politique et l’application effective des lois existantes restent un défi majeur » cite L’indice mondial du crime organisé.

L’urgence pour les communautés de jouer leur partition

En face de ces graves violations dont on parle peu ou presque jamais, la population ou les communautés à la base ont un grand rôle à jouer. Même si elles cohabitent avec ces acteurs criminels et sont sous des menaces illimitées de la part de ces derniers, elles doivent jouer leur partition pour contribuer à la lutte contre les crimes organisés. Elles devraient coopérer avec les forces de défenses et de sécurité afin de les mettre en état d’alerte et s’organiser entre elles pour contrer les acteurs criminels ou carrément les dénoncer de façon discrète. Là encore, la garantie de l’anonymat vaut son pesant d’or.

Quid du rôle des médias

De l’autre côté, il est urgent qu’on puisse avoir des débats publics sur la thématique afin d’attirer l’attention des ruraux sur le phénomène. C’est le lieu d’interpeller les médias, publics comme privés surtout à grande audience, d’user véritablement de ce 4ème pouvoir pour former, informer et éveiller les consciences. Les radios communautaires ne doivent pas être du reste. Les émissions et débats doivent beaucoup plus tourner autour de ces sujets. Au niveau régional et national, le gouvernement a l’obligation d’impliquer les médias et de consulter de temps à autre les populations communautaires afin de travailler en synergie pour mener une stratégie commune pour une lutte nationale efficace.

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