Mali/Politique: Un an après IBK, rien n’a changé!
Par Emmanuel AMEGEE
Il y a un an jour pour jour le peuple malien poussait à la démission son Président Ibrahim Boubacar Keita. L’on espérait alors que les militaires au pouvoir feraient le miracle pour redonner au Mali un nouveau souffle. Mais un an après ce putsch qui n’a pas connu d’effusion de sang, le Mali est toujours dans l’attente d’un réel changement qui tarde à venir. Décryptage!
Depuis sa retraite forcée, l’ex-président malien Ibrahim Boubacar Keita est un spectateur privilégié de la difficulté qu’éprouve son successeur au Palais de Koulouba. Ceux qui l’ont contraint à la démission ont du mal à sortir le pays des maux qui le minent: corruption, insécurité,….tout se passe aujourd’hui au Mali comme si IBK n’avait pas été critiqué pour les mêmes raisons. Le quotidien des populations semble être le dernier souci de la junte préoccupée par la conservation et le renforcement de son pouvoir. Et pourtant, tout avait bien démarré au lendemain de ce putsch. Assimi Goïta, un Colonel de 37 ans est proclamé chef de l’État par le Conseil National pour le Salut du Peuple (CNSP). La concertation nationale qui a suivi porta Bah N’daw, un militaire à la retraite à la tête des institutions de transition. Mais quelques mois plus tard, lui et son premier ministre Moctar Ouane sont débarqués du pouvoir à leur tour par des militaires visiblement mécontents. Dès lors, les nouvelles autorités ont proclamé leur bonne foi de mener une transition paisible et de céder le pouvoir, à la fin, à un gouvernement civil. Mais à côté de cette promesse, la junte au pouvoir a montré toute son incapacité à œuvrer pour une amélioration du quotidien des maliens. L’espoir qui a vu le jour dans les heures qui ont suivi le départ de ‘‘IBK’’ s’est vite estompé. Le Mali est plongé dans une crise sécuritaire sans pareille, une gouvernance économique qui n’en finit plus d’étouffer les populations. Au sein de la population jeune, qui a pris une part active, dans le soulèvement, c’est le désenchantement. “Pour nous en tant que jeunes, la situation est chaotique. La majeure partie des jeunes, de toutes les personnes qui sont sortis dans tout le pays pour demander le changement, pour demander le départ de IBK parce que sa gestion était chaotique, aujourd’hui ces personnes sont déçues, c’est comme s’il y avait une certaine envie de dire : “on s’est trompé”, s’est confié à Rfi Adam Dicko, directeur exécutif de l’Association des jeunes pour la citoyenneté active et la démocratie (AJCAD).
Pour sa part, Lamine Savane, enseignant chercheur en sciences politiques à l’université de SÉGOU au Mali estime : “ C’est le statut quo. L’aspiration du peuple malien et les revendications n’ont pas été résolues dans leur ensemble. Il y a une grogne sociale, les enseignants menacent de prendre en otage les examens. Un an après la chute de IBK, on ne peut pas dire qu’il y a une amélioration sur un certain nombre de points, notamment sur le plan sécuritaire. Quand à l’avenir, le chercheur reste encore plus sceptique. “Je pense que les mouvements jihadistes ne sont qu’en attente d’un éventuel départ de la force Barkhane pour essayer de se remettre en selle…je pense qu’en raison de l’insécurité que connait le Mali, en raison du désengagement de l’Etat sur un certain nombre de points à travers le territoire national, la tenue des élections pour le mois de février me paraît difficilement tenable «ajoute-t-il.
Dans un contexte où le Mali est suspendu de plusieurs organisations et avec pour seule condition de réintégration, l’organisation des élections présidentielles et législatives en février 2022, ce tableau peint en noir par le chercheur ne semble pas entrevoir le bout du tunnel pour la population de plus en plus affectée par ce chaos qui ne dit pas son nom. IBK depuis sa retraite forcée appréciera. Et les observateurs surtout eux, ne sont pas dupes.